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vendredi 25 mars 2011

Article du Parisien.fr


Publié le 09.02.2011, 07h00 dans le Parisien

La friche industrielle de l’ancienne usine à gaz, située chemin de la Bigüe à Senlis, n’est plus seulement un problème environnemental. Elle constitue désormais une question politique. Ce terrain pollué est répertorié depuis 2003 sur Basol, la base de données nationale sur les sites et les sols pollués. Mais fort opportunément, le dossier a ressurgi sitôt la nouvelle équipe municipale installée.
Un diagnostic de pollution a été livré en juin 2010 par Soler Environnement, bureau d’ingénierie, à son propriétaire, la mairie de Senlis.

Une teneur en plomb cent fois supérieure aux seuils

L’analyse très détaillée du sol, du sous-sol, de l’air et des eaux souterraines confirme, sans surprise, la pollution du site. Mais elle fournit également des précisions jusque-là inédites sur la nature des polluants. Les sols sont fortement pollués et les eaux souterraines contiennent du benzène et des hydrocarbures.
Sept sondages de sols ont été effectués sur la parcelle de 3936 m2 située dans ce quartier résidentiel, en bordure du ruisseau de la Fontaine-Saint-Urbain, un affluent de la Nonette. Les experts ont creusé jusqu’à 6 m et ont détecté « la présence ponctuelle de métaux lourds à des teneurs supérieures aux valeurs rencontrées dans les sols dits ordinaires ». Mercure, plomb et zinc y sont « en concentration supérieure aux critères d’acceptation ». Comme le mercure, présent à 6 mg/kg alors que la norme est de 0,1 mg. La teneur en plomb y est aussi cent fois supérieure aux seuils. Des hydrocarbures HAP culminent à 34 000 mg/kg pour une norme à 50.
« Des niveaux de pollution gigantesques, estime-t-on à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Ils sont directement liés à l’activité de ces anciennes usines. Pour produire du gaz de ville, on crackait du charbon et de la lignite. Il en sortait un goudron visqueux qui contenait ces polluants retrouvés sur le site. » Résultat, « on ne peut pas construire en l’état, c’est réglementairement interdit ».
L’usine a cessé toute activité en 1966. Autour ont surgi des pavillons et tout un quartier connu pour la qualité de ses jardins potagers. Dans une quasi-ignorance. Henri Baclet, président des Chemins de la Bigüe, une association de riverains, indique : « On se doutait qu’il y avait quelque chose, mais on ne savait pas quoi. »
En 2010, les habitants apprennent qu’un projet de construction de « deux ou trois pavillons » est en cours. « La mairie nous a dit que le terrain était pollué, mais nous n’avons jamais eu connaissance d’une quelconque étude et encore moins des résultats. » Mais deux riverains immédiats étaient, eux, au courant. L’un d’eux, installé en 1998, explique : « Quand je suis arrivé, on m’a annoncé une décontamination du terrain dans les cinq ans. » Récemment, il a voulu acquérir une petite parcelle attenante à sa propriété. « J’ai demandé que des prélèvements soient faits. Je n’ai jamais eu les conclusions. Cela reste très mystérieux. »
La nouvelle équipe municipale a choisi de « déminer » rapidement ce dossier. Pascale Loiseleur, nouveau maire, souligne : « J’ai été informée dès mon arrivée par mes services que l’étude avait révélé une pollution du terrain. »

Le Parisien

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